Dans les vallées de Wamena, seuls les rires d’enfants et les chants des femmes viennent troubler l’univers si paisible de la vie de ces tribus qui résistent avec toute leur énergie à l’avancée terrible des bulldozers.
La Papouasie, c’est toute une atmosphère que je vais essayer de vous retranscrire. Déployez vos ailes, je vous emmène dans l’incroyable vallée de la Baliem, au cœur d’un village Dani. Courbez le dos, baissez la tête, vous entrez dans la maison de ce papou dont les traditions sont si intrigantes.
Autour du feu qui se consume, les yeux rougis par la fumée qui nous enveloppe, une odeur âcre flotte dans l’air restreint de la hutte sombre et noire de suie. Impossible de se tenir debout. Je m’assois près de l’ouverture faisant office d’entrée, pour capturer quelques bouffées d’air frais. Lui, fier et majestueux, vêtu de son kotéka, coloquinte utilisée comme étui pénien, arbore une merveilleuse coiffe rouge. Des patates douces sont partagées et d’un air malicieux, notre hôte me tend la cigarette qu’il vient de confectionner à mon intention. Qui dit tabac local, dit technique locale ! Dans un large sourire il m’explique comment fumer comme un vrai papou. Inspirer de petites bouffées tout en tournant la cigarette, puis savourer en recrachant un nuage épais de fumée. C’est surprenant et fort… mais pas si désagréable ! Le décor est planté, les yeux écarquillés à l’affût du moindre détail, mon attention aux aguets, le dialogue peut commencer. Ce papou me parle d’un temps où les hommes kidnappaient leur future femme dans les villages alentours et où les traditions voulaient que l’on coupe une phalange à la femme dont la famille venait de perdre un des siens. Les tribus se faisaient alors la guerre pour un lopin de terre et la nature leur procurait tout ce dont ils avaient besoin. Il me parle d’un temps qui ne semble finalement pas si éloigné de leur mode de vie actuel. Quelques traditions ont cependant été bannies, les vêtements occidentaux ont remplacé les jupes végétales, des écoles ont été construites et les missionnaires viennent inculquer leur religion. Cet échange a été d’une rare intensité. Se retrouver sous une hutte avec un homme habillé d’un simple kotéka, qui vous raconte avec passion comment il a survécu aux flèches de ses ennemis, cicatrices à l’appui et vous montre son cellier où il stockait les corps humains pour un futur repas, a quelque chose de troublant et de surréaliste !
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